Écrit par Sara Berenguer
« Conchita Liano a dû être très surprise par la condition de la prostituée, reléguée au gré de l'homme et exploitée par le proxénète, et en particulier par la jeunesse de certaines d'entre elles, lorsqu'en 1932, elle a écrit le poème suivant :
A UNE PROSTITUEE DE 16 ANS
Tes joues sont pâles
Si prématurément !
Et ressemble à un masque
Ce rouge à lèvres grossier qui orne ton visage.
ton regard est curieux,
Avec la douleur résignée... si prématurément !
Tes lueurs blessées qui erraient vagabondes
Dans cette atmosphère trouble de la misère humaine,
Je les ai reçues en plein cœur
Jusque dans mon âme douloureuse
De te sentir si vulnérable,
Livrées prématurément à tant de saletés
Ce que je ne ferais pas pour toi,
Petite fille privée de ce chaste trésor
Qui est la pureté ailée ?
Ce que je ne ferais pas pour toi,
À l’âge où l'homme devrait te vénérer
Au lieu d’enfouir sa virilité prématurément !
Dans cette basse abjection ?
Qu'au lieu d'outrager ton innocence précoce,
Tu pourrais promener ta beauté galante,
Pas entachée de vice !
Et tu pourrais avoir ces limbes dorés qui, à ton âge, sont habituelles.
Que ne ferais-je pas pour toi, pour que tu ne sois pas la proie
Sans défense, salie par tous ces immondices
Que peut contenir l'âme humaine.
A ta vue j'ai pleuré mon cri le plus rebelle
Et de cette injustice, j'ai pris Dieu à témoin,
Et s'il t'abandonne... si prématurément !
Avec toute ma passion, petite fille innocente,
Je te bénis !
Barcelone 1935
A
Conchita Liano, debio sorprenderle mucho la condicion de la prostituta,
relegada al capricho del hombre y esplotada por el chulo, y en particular la
juventud de alguna de ellas, cuando en 1932,
escribia el siguiente poema :
A una prostituta de 16 anos
Tus
mejillas son pálidas
Tan
prematuramente !
Y
parece una mascara
Ese
carmín grosero que adorna tu cara.
Tu
mirada es curiosa,
Con
dolor resignada…. tan prematuramente!
Tus
destellos heridos que sin fijar vagaban
En
este turbio ambiente de miseria humana,
Los
recibí en mi pecho, estremecida el alma
Por
sentirte tan tierna,
Y
tanta inmundicia tan prematuramente entregada.
Que
por ti yo no haría,
Muchachita
privada de ese tesoro casto
Que
es la pureza alada?
Que
por ti yo no haría,
Que
a esa edad en que el hombre
Su
culto te brindara,
En
vez de hundirte vil, tan prematuramente!
En
es abyección baja?
Que
en vez de ultrajar tu inocencia temprana,
Pudieras
pasear tu hermosura galana,
No
ajada por el vicio!
Y
pudieras tener ese limbo dorado que a tu edad suele ser.
Que
no haría yo por ti, que nos fueras la presa
Indefensa,
abnegada de toda esa inmundicia
Que
puede albergar el alma humana.
A
tu vista lloré mi llanto más rebelde
Y
de esta injusticia cité Dios en testigo,
Y
si el te abandona… tan prematuramente!
Con
toda mi pasión, muchachita inocente,
Yo te bendigo!
Conchita Llano
Barcelona 1935
Commentaires
Enregistrer un commentaire