Poème DE CARLOS DA AIRA 
"Nosotras decimos que la piel es un lugar de encuentros"
"Nous  disons que la peau est un lieu de rencontre"

 LORS DES DEUXIÈMES RENCONTRES FRANCO-ESPAGNOLES 


FEMMES ESPAGNOLES EN RESISTANCE FEMMES LIBRES ET ENGAGÉES EN FRANCE




Nosotras decimos que la piel es un lugar de encuentros,
un punto de reunión,
una asamblea general,
la prueba definitiva de que la horizontalidad
es la medida de todas las cosas.
 
Proclamamos la victoria de la epidermis
            sobre músculos y tendones,
la superioridad del tacto   
            sobre la palabra,
dominando en cada fricción
el terrible movimiento de las dudas,
enfrentando en cada acometida
la violencia de la taxonomía,
luchando contra una teoría de conjuntos
que nos pornografía la humedad,
que nos prostituye su ausencia.
 
Declaramos la piel
una bandera transparente,
el traje del emperador remendado
con un millar de cintas de Moebius,
la superficie última
donde chocarán de nuevo
las placas tectónicas,
el origen de los continentes
y de todos los mares posibles,
un océano de humanidad
donde decir
            ellos o nosotros
            dentro o fuera
            vosotros o nosotros
es un error tan evidente
como el nulo poder de una frontera
señalando la dirección en la que viaja el deseo,
cuando amanece después de siglos de barbarie
y alguien descubre
            -como por casualidad-
cuántas veces, con cuánta pasión
debemos amarnos en una noche
para atascar a un tiempo
todas las armas de fuego,
 
o cómo convertir un desconocido en tu hermano
pronunciando el nombre de las flores que pisas cada día,
 
o cómo detener una guerra
afinando las cuerdas de un violín
con el silbido de las balas
sobre tu cabeza
como diapasón.
 
nosotras sabemos que en este espacio
entre los pliegues de la piel
suceden contratiempos,
ocurren imprevistos,
accidentes que definen
la geografía de los días y las batallas,
valles de una hondura violenta,
arroyos donde brotan
tubérculos de nombres tan sinceros
que nunca aparecen en el poema.
 
Porque en estos surcos no crecen
buganvilias,
chupamieles,
amapolas,
aquí crecen
            -con la fuerza de sus cicatrices,
            con la dignidad de lo cotidiano y el dolor de huesos-
patatas,
zanahorias,
ajos,
cebollas que harían llorar hasta la derrota
a un ejército entero de levantadores de piedras,
si supieran cómo se acaricia la carne
cuando esta espera por toda la ternura del mundo.
 
No nos borrarán las curvas con gestos mecánicos,
no nos harán amar la perfección.
 
Nuestro cuerpo es una niebla en sus ojos,
un enigma,
cien interrogantes,
mil incógnitas,
el paisaje que nunca olerán,
las rocas en las que se tuercen los tobillos.
 
Nuestro cuerpo es el triunfo de los caracoles
sobre los cronómetros y los temporizadores.
 
Yo, tú, ella,
nosotras
sabemos decir y decimos,
sabemos gritar y gritamos
 
nuestra piel tiene la fuerza de la máquina de vapor
 
de nuestras arrugas nace la potencia del futuro.
 
 CARLOS DA AIRA
 
 
 TRADUCTION MANUELA PARRA 
 
Nous disons que la peau est un lieu de rencontre,
un point de rencontre,
une assemblée générale,
la preuve ultime que l'horizontalité
est la mesure de toutes choses.
 
Nous proclamons la victoire de l'épiderme
                sur les muscles et les tendons,
la supériorité du toucher            
                sur les mots,
dominant dans toutes les frictions
le terrible mouvement des doutes,
confrontant dans chaque attaque
la violence de la taxonomie,
luttant contre une théorie des ensembles
qui pornographie notre humidité,
qui nous prostitue son absence.
 
Nous déclarons la peau
un drapeau transparent,
le costume de l'empereur rapiécé
avec un millier de rubans de Moebius,
la surface ultime
où les plaques tectoniques
entreront à nouveau en collision,
l'origine des continents
et de toutes les mers possibles,
un océan d'humanité
où dire
                eux ou nous
                à l'intérieur ou à l'extérieur
                vous ou nous
est une erreur aussi évidente
comme puissance nulle d'une frontière
indiquant la direction dans laquelle le désir se déplace,
quand l'aube se lève après des siècles de barbarie
et quelqu'un découvre
                -comme par hasard-
combien de fois, avec quelle passion
nous devons nous aimer en une nuit
de s'enrayer en même temps
toutes les armes à feu,
 
ou comment transformer un étranger en votre frère.
en prononçant le nom des fleurs que vous foulez chaque jour,
 
ou comment provoque une guerre
en accordant les cordes d'un violon
avec le sifflement des balles
au-dessus de votre tête
comme un diapason.
 
nous savons que dans cet espace
entre les plis de la peau
émergent des contretemps
se produisent des imprévus et des événements inattendus,
des accidents qui définissent
la géographie des jours et des batailles,
des vallées d'une profondeur violente,
les ruisseaux où germent
des tubercules aux noms si sincères
qu'ils n'apparaissent jamais dans le poème.
 
Parce que dans ces sillons ne poussent pas
des bougainvilliers,
des suceurs de miel,
les coquelicots,
ici ils poussent
                -... avec la force de leurs cicatrices,
                avec la dignité du quotidien et la douleur des os...
des pommes de terre,
carottes,
l'ail,
des oignons qui feraient pleurer jusqu'à la défaite
une armée entière de souleveurs de pierres.
s'ils savaient seulement comment caresser la chair
quand elle attend toute la tendresse du monde.
 
Ils n'effaceront pas nos courbes avec des gestes mécaniques,
ils ne nous feront pas aimer la perfection.
 
Notre corps est un brouillard à leurs yeux,
une énigme,
une centaine de questions,
un millier d'inconnues,
le paysage qu'ils ne sentiront jamais,
les rochers sur lesquels ils se tordent les chevilles.
 
Notre corps est le triomphe des escargots.
sur les chronomètres et les minuteries.
 
Moi, toi, elle,
nous
nous savons comment dire et nous disons,
nous savons comment crier et nous crions
 
notre peau a la force d'un moteur à vapeur
 
de nos rides naît le pouvoir de l'avenir.
 
 



 
 
 

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