Mémoire

Manuela PARRA 




 On ne reconstruit pas une  mémoire.

 Au pire, on ébarbe les aspérités dérangeantes,

on tente d’arrondir les angles,

les pointes lancinantes,

les ondes de choc quand en vagues éprouvantes

elles submergent les corps.

 

Une mémoire, pour être belle, exige le bonheur.

Plénitude héritée, connaissance partagée,

rires « sur cape » ou sourires amusés.

 

Une mémoire violable réclame ses atours.

 Ciel bleu, soleil jaune, robe bleue, cheveux au vent

blonds,

masses laborieuses, bras levés, livres brûlés.

 

Une mémoire meurtrie reste aux aguets.

Acouphènes  insidieux,

nourris du souvenir brumeux des mots autrefois proférés,

des coups assénés,

du relent de la peine face à l’injustice,

des « pourquoi » insolubles,

des « parce que » absents,

des « justes prix » mal calculés,

des mausolées troqués,

des corps oubliés pour mieux les effacer

terrés dans des fosses communes.

 

Une mémoire non dite ou parfois murmurée

attend patiemment  le sursaut du Temps

qui nous fera exister.

 


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