Au printemps 2020, nous vous
présentions avec Manuela Parra, la toute première anthologie poétique internationale
éditée au sein d’un collectif de poétesses, de poètes et d’artistes engagés,
réunis autour d’un même désir, malgré la diversité d’expressions et de styles,
de fond ou de forme et d’origines : le désir de partager une parole et une
vision artistique créative, non conventionnelle, loin des circuits convenus de
la consommation et des formes normées ou élitistes. Antonio Orihuela, dans la
préface de ce premier ouvrage, écrivait avec simplicité, ces mots «
La poésie de la conscience, loin des écoles, s’engage à rassembler des
compagnons de route ».
Depuis ces lignes, nous avons continué
à cheminer ensemble, grâce à l’engagement des auteurs qui nous ont rejoints
dans cette aventure, par-delà ou en-deçà des frontières de la « normalité » ou de l’absurde, de
l’acceptable et de l’inacceptable, mais aussi des langues, des genres et des
cultures en publiant trois nouvelles anthologies : Femmes libres, L’éphémère
? et aujourd’hui Frontières. Une soixantaine d’artistes et de poètes
ont pu ainsi mêler, dans plus de huit cents pages, leurs vers et leur
sensibilité au service d’un monde que l’on souhaiterait plus libre, plus juste
et solidaire.
L’Art, par essence, ne porte-t-il pas
en lui cette force sage et insoumise, ce feu éclairé et lucide, l’instinct
souterrain d’une liberté souveraine, qui lui permet de penser, de rêver, de
remodeler et de revivifier le monde selon son intime désir, sans règles, ni
formes préétablies, loin de tout clivage et de toute opposition et sans jamais
lui nuire ? D’insuffler et de recréer l’unité à travers l’unique et le
multiple ?
C’est cette même faculté créatrice,
mise au service du monde et de la société, qui nous permet d’imaginer et de
proposer des espaces fertiles et ouverts au sein desquels on pourra favoriser
et promouvoir le collectif et le partage plutôt que l'exclusion et le
coercitif, la coopération plutôt que la compétition et la concurrence, au sein
d’une vision circulaire, créative, interactive et holistique plutôt que
hiérarchique, mécanique et policée... Pour pouvoir ainsi substituer, en
conscience, des actions éclairées et concertées au spectacle superficiel,
pathétique et normé, déserté par tout sens critique et vidé de toute éthique,
promulgué par les élites dirigeantes de la société capitaliste... Pour
s’éveiller, peut-être enfin, de l’illusion collective destructrice de
l’individualisme et du consumérisme, fondée sur l’exploitation de la Nature,
sur l’injustice et les conflits ? En revenant à l’Unité intime de la Nature, à
cette pulsation primordiale de Vie qui vibre, crée, préserve et s’émeut à
travers nos actes et nos paroles, en deçà et par-delà toutes frontières.
Frédéric
Fautrier
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